Les Conscrits de Villefranche sur Saône

La semaine dernière, sur Instagram, j’ai posté une photo des Conscrits de Villefranche et plusieurs personnes m’ont demandé des explications. Bien que n’étant pas réellement impliqué dans cette manifestation, c’est une tradition importante pour moi puisqu’une partie de ma famille est caladoise (c’est-à-dire de Villefranche sur Saône).

De nombreux villages en France (plus rarement les grands villes) fêtent la tradition des Conscrits (appelées parfois Classes dans certains endroits), mais à Villefranche elle prend une dimension unique, de très  grande ampleur, où tout est très codifié.

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A l’origine, le service militaire

La fête des Conscrits trouve ses origines dans la conscription, ce tirage au sort mis en place par Napoléon pour désigner les jeunes hommes de 20 ans qui devait aller faire leur service militaire. Ces jeunes gaillards voulaient donc faire la fête avant de ne plus pouvoir pendant une longue période. Un jour, au milieu du XIXème siècle, 2 plaisantins se sont présentés à la conscription avec leurs plus beaux habits et un chapeau haut de forme. L’année suivante, l’idée fut reprise, puis peu à peu étendue aux autres décennies (30 ans, 40 ans, etc…), et malgré la fin du tirage au sort en 1905, la tradition perdure encore de nos jours.

A Villefranche, la Fête des Conscrits s’étale sur une dizaine de jour fin janvier. Elle commence l’avant-dernier dimanche de janvier par une cérémonie de remise des drapeaux et une messe à Notre Dame des Marais, l’église située au centre de la ville.

Les choses se corsent le week-end suivant,  car le vendredi, les Conscrits défilent le long de la Rue Nat(ionale) pour une retraite aux flambeaux costumée sur un thème précis qui change chaque année et décliné selon les tranches d’âge. Par exemple, cette année le thème était « Un beau voyage ». Le défilé se termine devant la mairie, où le maire remet les clés de la ville au Président de la Classe en 2017, c’est-à-dire ceux qui ont 20 ans cette année.

Le lendemain matin a lieu une cérémonie au cimetière pour honorer les conscrits défunts, puis une visite aux conscrits qui ne peuvent pas se déplacer (malades, hôpitaux, anciens, etc…). L’après-midi est dédié à la visite aux Conscrites (qui ne participent pas au reste des festivités, c’est une affaire d’hommes…). Pendant ce temps-là, des aubades sont données dans toute la ville, et on fait la fête, en particulier les 20 ans qui ont peint de vieilles voitures en vert et klaxonnent dans toute la ville.

Les voitures vertes, leurs ronflements de moteurs et leurs messages poétiques font partie du décor.

voiture verte à Villefranche l’année dernière (photo Le Progrès)

Le dimanche commence par le réveil de la ville par 2 trompettes à 6h30, puis le réveil en musique des présidents de Classe. Tout le monde se fait ensuite beau pour la photo de groupe.

La vague

Mais le point d’orgue est juste après, à partir de 11h, avec  le défilé qu’on appelle la Vague, car les Conscrits avancent en sautillant d’un côté à l’autre de la rue, par groupe de 5 ou 6. Cela se passe encore une fois le long de la Rue Nat, et les conscrits portent la tenue officielle : smoking noir, chemise blanche, écharpe blanche, nœud papillon noir et surtout le fameux gibus, un chapeau haut de forme, orné d’un ruban de 1,5 cm de large et de 1m80 de long. La couleur du ruban dépend de l’âge du conscrit : vert pour les 20 ans, jaune pour les 30 ans, orange pour les 40 ans, rouge pour les 50 ans, bleu pour les 60 ans, violet pour les 70 ans, bordeaux pour les 80 ans, tricolore pour les 90 ans et tricolore et or pour les centenaires. Il y a 4 centenaires cette année à Villefranche. Ils n’ont pas défilé, mais cela arrive parfois qu’ils fassent tout ou plutôt une partie du trajet à pied, sous les ovations du public.

Même le bouquet que les Conscrits portent tout au long du défilé est codifié : il est composé de 7 œillets rouges et de 2 branches de mimosa, avec un ruban de la même couleur que celui du gibus.

Les classes sont séparées par des fanfares qui viennent d’un peu partout. Cette année, il y avait par exemple des hollandais et des suisses. Départ à 11h du sud de la ville pour un trajet de presque 2km, puis retour. Tout ça en chantant l’hymne de la classe, souvent une chanson populaire dont les paroles ont été customisées pour l’occasion.  La Rue Nat étant en cuvette et le conscrit ne buvant pas que de l’eau, le retour est parfois difficile pour certains.

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Après la vague, la fête continue

Les conscrits vont ensuite en général manger en famille (le banquet) et tout le monde se retrouve le soir pour des grands bals organisés par et pour chaque tranche d’âge. En fin de soirée, les 20 ans font le tour de tous les bals…

Mais ce n’est pas fini ! La fête continue le lendemain midi avec le Retinton, un repas (bien arrosé) par classe dans un bon restaurant. Le soir, les Conscrits redéfirent encore pour enterrer la classe 2017, c’est-à-dire qu’ils sont chassés par la classe 2018 qui arrivera l’année prochaine.

Et puis, puisqu’ils ont pris l’habitude, on remet ça le mardi, avec le Super Retinton, encore un repas (bien arrosé) par classe dans un bon restaurant. Le soir, les Conscrits rendent les clés de la ville au Maire.

Et puis parce qu’on ne va quand même pas se quitter comme ça, les Conscrits se font encore un repas (bien arrosé) dans un bon restaurant le mercredi midi, tous ensemble cette fois.

 

A mon avis, les jours suivants doivent être un peu compliqués….

 

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