Timbuktu

J’aime bien aller au ciné, je préfère largement voir un film sur grand écran que sur ma télé. Pourtant, je me rue rarement dans les salles obscures dès la sortie du film, j’ai plutôt tendance à attendre quelques semaines (au risque que cela soit parfois trop tard…). Le film que j’ai vu dimanche soir ne déroge pas à cette règle, puisque Timbuktu, le dernier film du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako est sorti en décembre dernier.

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Le film raconte l’histoire vraie de la ville de Tombouctou au Mali (classée patrimoine mondiale de l’UNESCO) tombée sous le joug des extrémistes religieux en avril 2012. Les islamistes, venus pour la plupart de l’étranger et armés de fusils mitrailleurs, imposent leurs règles absurdes prétendument imposée par Dieu : les cigarettes, la musique et même le football sont interdits, les djihadistes s’octroient le droit d’entre dans la mosquée en chaussures et avec leurs armes, et les femmes doivent évidemment porter le voile (ce qui ne se faisait pas dans cette région pourtant musulmane), mais également des chaussettes et des gants, y compris pour travailler. Les habitants résistent difficilement lorsque le tribunal islamique applique de nouvelles lois issues de la charia.

Je vous préviens tout de suite, quitte à anéantir le (peu de) suspens, ce n’est pas un film très gai, avec même quelques scènes très dures. Pourtant, c’est un film à voir, pour voir comment la terreur peut provenir d’une poignée d’hommes qui ne réfléchissent pas beaucoup plus loin que leur nez.

En effet, tout au long du film, ces hommes sont bourrés de contradictions, donnant parfois un ressort presque comique au film. L’adultère est annoncé comme le plus grand des péchés ? Ca n’empêche pas le djihadiste français d’aller rendre visite à la femme du berger chaque fois que son mari n’est pas là. Idem pour les cigarettes. La musique est interdite ? Mais que se passe-t-il si ce sont des louanges à dieu ? La mère ne veut pas donner sa fille en mariage à un étranger inconnu ? Qu’importe, il suffit de l’enlever et de la marier de force, cet homme est pieu et les lois peuvent bien être interprétées comme ça arrange si c’est pour leur cause… Les hommes doivent parler en arabe, quitte à passer par plusieurs interprètes (anglais, bambara…) pour se faire comprendre, donnant parfois des situations grotesques.

Les femmes, quant à elle, ont beaucoup plus de discernement et se rendent bien compte de l’absurdité de la situation. Mais leurs conseils sont rarement écoutés.

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Évidemment, ce qui est décrit et imposé par ces hommes n’est pas l’Islam. La preuve en est faite tout au long du film, lorsque l’imam de la mosquée essaie d’expliquer aux djihadistes, sans jamais les juger, qu’ils font fausse route. Ses sages paroles d’apaisements sont tellement remplies de bons sens qu’on pourrait penser qu’elles fassent réaliser la bêtise, l’aveuglement et l’horreur et la bêtise de ces barbares, mais il n’en est rien.

Cinématographiquement parlant, le film est très bien réalisé, même si parfois un peu lent (mais c’est pour mieux prendre son temps, à l’image des populations locales harassées par le soleil et pas encore prises dans le tourbillon de la civilisation), et les acteurs jouent très bien. Les images et la lumière sont magnifiques, et elles donnent vraiment envie d’aller visiter cette région que je ne connais pas.

Sachez pour finir que, même si ce n’est pas montré dans le film, les islamistes ont été chassés de la ville de Tombouctou par les armées maliennes et françaises en janvier 2013.

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