Jacqueline Delubac, le choix de la modernité

Régulièrement le Musée des Beaux Arts de Lyon organise des expositions thématiques ou autour d’une personnalité lyonnaise. C’est le cas avec l’exposition actuelle qui a ouvert ses portes il y a quelques semaines et qui s’intitule Jacqueline Delubac, le choix de la modernité.

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Pour les jeunes (comme moi), le nom de Jacqueline Delubac ne signifie peut-être pas grand-chose, mais il faut bien réaliser que la troisième femme de Sacha Guitry était une des personnalités les plus en vogue dans les années 30s.

Bien qu’elle ait passé la plus grande partie de sa vie à Paris, la comédienne était originaire de Lyon, et a su s’en rappeler lorsque, n’ayant pas d’héritier, elle a commencé à la fin des années 80 à songer à léguer sa collection à une institution. Ce legs, finalisé en 1998, soit un an après sa mort, permit au Musée des Beaux Arts de se hisser dans la cour internationale des musées.

Mais revenons quelques années en arrière. Jacqueline Delubac est née à Lyon le 27 mai 1907 (70 ans jour pour jour avant moi, vous vous en rappellerez ?). Elle monte à Paris à l’âge de 20 ans pour prendre des cours de danse et de chant et se retrouve un peu par hasard à l’affiche de la pièce Villa à Vendre de Sacha Guitry, qui tombe rapidement amoureux d’elle. Elle devint sa troisième femme quelques années plus tard, ce que Guitry, 22 ans plus vieux qu’elle et jamais avare d’un bon mot, commentera avec la célèbre phrase : « J’ai le double de son âge, il est donc juste qu’elle soit ma moitié ».

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Elle devient alors une véritable star, jouant dans 23 pièces et 11 films du dramaturge et incarnant pour beaucoup le raffinement parisien. Elle sera même classée parmi les 5 femmes les plus élégantes du monde par le magazine américain Life.

En 1939, elle divorce de Sacha Guitry et quelques années après, se rapproche du riche diamantaire arménien Myran Eknayan, amateur d’art et collectionneur. C’est à cette époque, en 1944, qu’elle achète son premier tableau, L’atelier aux raisins, de Raoul Duffy. Elle commence ainsi une collection qui rassemble de nombreux tableaux d’artistes parfois déjà célèbres, mais parfois pas encore. On y trouve par exemple des tableaux de Braque, Fernand Léger, Picasso, Miro, Dubuffet, Francis Bacon, Manet, Degas, Monet, Renoir, Corot, etc…

Cette collection est donc présentée au Musée des Beaux Arts dans un décor qui cherche à reproduire l’appartement de l’actrice, moquette mouchetée et tenture murale comprises. Les tableaux sont ainsi regroupés par grand thème, comme par exemple dans le salon rouge dédié à l’impressionnisme. C’est dans cette pièce qu’on peut admirer un magnifique Déjeuner sur l’herbe de Claude Monet (le panneau central d’un triptyque), que le peintre alors âgé de 25 ans a réalisé en réponse au tableau homonyme d’Edouard Manet (le plus connu). Quelques sculptures, notamment des bronzes de Rodin, complètent le tout.

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Le salon rouge de l’appartement de Jacqueline Delubac – © Musée des Beaux-Arts

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Le déjeuner sur l’herbe – Claude Monnet – 1865-66

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Pablo Picasso, Femme assise sur la plage, 1937, © succession Picasso, Photo Alain Basset

Bref, cette exposition est l’occasion de balayer tout un pan de l’histoire de la peinture à travers la vie d’un grand témoin du XXème siècle à l’œil aguerri. Comme toujours, je vous recommande une visite commentée qui vous fera prendre conscience de la cohérence de la collection et vous rafraichira la mémoire sur la vie de la comédienne.

L’exposition dure jusqu’au 16 février. Retrouvez plus d’infos sur le site internet du musée et notamment les horaires des visites commentées (dont certaines en anglais). Vous pourrez également y télécharger un audio-guide qui vous servira pendant l’exposition.

Merci au Musée des Beaux Arts et notamment le service communication pour la visite spéciale blogueurs.

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