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Dave Brubeck

Ceux qui me suivent régulièrement savent que si j’essaie de parler de l’actualité culturelle, j’ai beaucoup de mal à y coller vraiment (ben oui, j’ai quand même un boulot (et une vie), et écrire un article suffisamment construit et documenté, mine de rien ça prend du temps..).

Pourtant, j’avais quand même envie de vous parler d’une info de cette semaine, la mort du pianiste de jazz Dave Brubeck ce mercredi à la veille (littéralement) de ses 92 ans.

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Jazz-Legend-Dave-Brubeck-Dies-at-91

Pour ceux qui ne voient pas trop de qui je parle, c’est celui qui a popularisé ça (on y reviendra plus bas) :

Né le 6 décembre 1920 en Californie, Dave Brubeck a notamment étudié la musique auprès du compositeur français Darius Milhaud (qui a composé, entre autres, le superbe Scaramouche que j’ai eu l’occasion de jouer lors d’un concours de musique, mais oui madame… bon, ok, pas aussi bien que lui … N’hésitez pas à écouter les 3 mouvements, c ‘est superbe) et a vaguement connu Arnold Schönberg, l’inventeur de la musique dodécaphonique (dans laquelle les 12 notes – en incluant les dièses et les bémols, donc-  ont chacun la même importance, c’est un peu compliqué mais si ça vous intéresse, vous trouverez plus d’infos ici)

Mais revenons à nos moutons. C’est en 1959 que sort Time Out, le plus célèbre album de Dave Brubeck, ou plus exactement de The Dave Brubeck Quartet. Cet album sera un des premiers à dépasser le million d’album (bien avant Justin Bieber), allant même jusqu’à concurrencer les autres styles de musique. Pas mal pour un disque de jazz et pour l’époque ! Et encore aujourd’hui, il se vend à plus de 60 000 exemplaires chaque année (#IdéeCadeau pour Noël …).

 Time out

Cet album est notamment basé sur des rythmiques inhabituelles. Ainsi, le plus célèbre morceau, Take Five (en fait écrit par le saxophoniste Paul Desmond) a une mesure à 5 temps.

Petite pause didactique

La très grande majorité de la musique peut-être classée en deux catégories : les rythmes binaires, quand le temps ou la mesure peut être divisé en 2 ou en 4 (c’est le cas du rock, par exemple) et les rythmes ternaires, quand le temps ou la mesure est divisé en 3 (c’est le cas des valses par exemple, et quasiment du blues). Bon, évidemment, en réalité c’est plus compliqué que ça, et je vous renvois par exemple à wikipedia si vous voulez en savoir plus. Et à cette petite vidéo :

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Dans Take Five, je vous ai dit qu’on avait affaire à une mesure à 5 temps, ça se range où du coup ?? En vérité, cette mesure est composé d’une mesure à 3 temps + 1 mesure à 2 temps, ce qui donne ce côté un peu bancal. Mais si écoutez-bien le piano :

A noter que d’autres musiciens ont repris ce motif plus récemment, comme on peut s’en rendre compte sur ce mashup :

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Il y a un autre morceau très connu sur cet album, Blue Rondo A La Turk, et cette fois, il a une rythmique encore plus particulière, inspirée d’un rythme de danse turque (d’où le titre) et qui repose sur 4 temps inégaux : 3 temps à 2 croches (une demi-note) et 1 temps à 3 croches. Cela donne donc 2+2+2+3 = 9 croches. Pour compliquer encore un peu, on prend deux fois ce motifs, puis deux motifs composés de chacun 3 mesures à 3 croches (toujours 9, donc), vous suivez ? En tout cas, c’est ce qui donne cet aspect bancal de suspension. Ecoutez-bien :

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Allez, encore un autre morceau notable de ce fabuleux album, Three To get Ready. Cette fois, ce n’est pas la mesure qui est bancale, mais l’enchainement des mesures. Ainsi, on trouve dans ce morceau 2 mesures à 3 temps suivies de 2 mesures à 4 temps. Ce morceau est devenu un standard du jazz et vous en connaissez très certainement une version, je vous laisse deviner de qui (celui qui ne trouve pas mérite une baffe…).

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Par la suite, Dave Brubeck a continué de jouer (il est passé dans tous les gros festivals de jazz) et d’écrire, des morceaux pour piano ou pour ensembles de jazz, mais aussi des ballets, des comédies musicales, et même une messe pour le pape Jean-Paul II. Pour la petite anecdote, sachez qu’il a joué devant tous les présidents américains depuis John Kennedy ! (un peu comme Johnny qui a chanté devant Sarkozy, quoi…)

 Dave Brubeck - Time

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Bon, je me rends compte que cet article est beaucoup plus long et beaucoup plus technique que je pensais, et j’ai probablement perdu la moitié des lecteurs en cours de route, mais pour les autres, j’espère que vous aurez apprécié cet hommage en forme de (petite) leçon de musique (appelez-moi Jean-François Zygel) et que vous aurez le réflexe de tendre l’oreille, maintenant.

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0 commentaire pour “Dave Brubeck”

  1. J’irais écouter tout ça tranquillement quand j’aurais fini de savourer le dernier Outlines. Promis biquet !

    Et cet article, bien que totalement obscur pour moi (je voue une haine sans nom au solfège et f*ck à ceux et ceusses qui me sortiront qu’ « on ne dit plus solfège depuis 15 ans mémé mais éducation musicale ») alors tes histoires de 3 temps, 12 notes etc., ….. 😉
    Mais je suis sûre que les lecteurs un peu plus intelligents apprécieront !

    1. C’est dommage de le prendre comme ça, on est quand même bien loin du solfège, justement…
      J’espère vraiment que tu écouteras les morceaux, car même sans l’aspect technique ils sont vraiment super.
      Et merci pour Outlines, ça a l’air sympa

  2. Au fait, en écoutant les morceaux (et surtout Take Five qui est tellement connu que personne à pu le louper) on comprends bien l’explication théorique et tu verra Rocka que ce n’est pas si compliqué que ça.
    Merci pour l’article Anthony, j’aime bcp sa musique mais c’est vrai que je m’intéresse uniquement à la musique et jamais à leur vie donc c’était bien intéressant.

    1. Take Five c’est le plus flagrant, les autres c’est plus compliqué, c’est vrai, mais même sans entendre tous les temps, ça explique pourquoi ça sonne un peu « bancal »

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