26/08/2011
« Entre musique pas comme les autres et vie au grand air, j’ai enfin choisi. Merci pour ces longues années de complicité et de soutien indéfectible. Cela ne sera pas facile de vivre sans ce rendez-vous quotidien. Vous me manquerez. Caresse et bise à l’œil ».
C’est avec ces quelques lignes et cette signature reconnaissable par les initiés, reçues par mail jeudi soir, que j’ai appris la triste nouvelle. Bernard Lenoir raccroche les gants, il ne reconduira pas son émission musicale sur France Inter à la rentrée. Il était pourtant encore sur la grille, mais à 23h (au lieu de 22h ces dernières années et même 21h à l’époque), ce qui réduit encore son audience et rend impossible la diffusion de concerts en direct.
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Photo Jérome Bonnet pour Télérama, 2005
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Depuis le début des années 1970, le journaliste proposait une émission musicale à différentes heures et sur différentes stations. C’est en 1990 qu’il s’installe pour de bon sur France Inter, avec son émission C’est Lenoir (qui s’est appelé un moment l’Inrockuptible, en rapport à sa proximité du magazine du même nom). Deux ans après, il invente les Blacks Sessions, ces fameux concerts enregistrés en public à la maison de la radio et diffusés en direct, puis plus tard les White Sessions, enregistrées sans public et diffusées en différé. Certaines Black Sessions ont d’ailleurs bénéficié d’une sortie CD et je vous conseille à ce propos la magnifique Black Session de Yann Tiersen que j’évoquais déjà ici.
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Collage avec les artistes qui ont joué en Black Session (cliquez pour agrandir) – source : http://www.blacksessions.fr
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Bernard Lenoir, c’était « de la musique pas comme les autres », du « tata poum », bref, de la musique indépendante, plutôt rock, qu’on n’entendait nulle part ailleurs. Personnellement, c’est en 1994 que je l’ai découvert et c’est véritablement lui qui a fait ma culture musicale. Je me revois encore dans ma chambre en train d’enregistrer ses émissions, puis me faire des compilations (on n’appelait pas ça des playlists à l’époque) à l’aide de mon magnétophone à double cassette….
Bernard Lenoir n’était pas seul aux manettes, il était entouré de toute une équipe de gens de qualité.
En premier lieu sa réalisatrice, Michelle Soulier, qui l’accompagnait depuis une trentaine d’années.
Il y a aussi ses amis qui venaient faire des chroniques plus ou moins régulières :
Hugo Cassavetti, journaliste musical, responsable du domaine musique de Télérama qui venait toute les semaines évoquer l’histoire du rock.
JD Beauvallet, le fondateur en 1986 du magazine les Inrockuptibles.
Michka Assayas, fils du scénariste Jacques Rémy et frère du réalisateur Olivier Assayas, écrivain spécialisé dans la musique (Le dictionnaire du rock, 3 volumes, 2650 pages, paru en 2000 ; ou encore Les 1001 albums qu’il faut avoir écoutés dans sa vie (j’ai du boulot avec ma discothèque idéale…))
Lydie Barbarian, son alter ego anglaise avec qui il faisait des duplex depuis la BBC.
Yves Tibord qui venait présenter une fois par mois sa cosmo-pop, c’est-à-dire des morceaux découverts lors de ses nombreux voyages autour du monde
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Bref, Bernard Lenoir, c’était une pointure, un grand, bourré de talent, de culture, de passion qu’il nous faisait partager avec amour. Il a beaucoup d’amis dans le monde de la musique, et ça se comprend.
Bon, il n’est quand même pas mort, la vie continue. Il a même évoqué la possibilité de tenir un blog (un peu comme son ami Emmanuel Tellier). Je vous tiens au courant dès que je le trouve.
Il ne lira certainement jamais ces lignes, mais je tenais simplement à le remercier.
Caresses et bises à l’œil, comme il aime à dire.
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Triste triste… pas d’autres mots…
Oui oui Lydie Barbarian, je me souviens de ce nom le soir dans ma chambre d’étudiant en écoutant la disto des Ned’s atomic dustbin
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