Après quelques années perturbées par vous-savez-quoi, les grands événements reprennent leurs marques et c’est maintenant au tour de la Biennale d’Art Contemporain de Lyon de refaire surface ce mercredi, après un décalage d’un an, et jusqu’à la fin de l’année.
Une biennale internationale
Je ne me lancerai pas dans des explications que je ne maitrise pas, mais la Biennale de Lyon est annoncée comme le plus grand événement d’art contemporain en France par sa directrice artistique, Isabelle Bertolotti, également directrice du Musée d’Art Contemporain de Lyon. Il faut dire que depuis plus de 30 ans, la biennale a eu le temps d’asseoir sa réputation. Pour cette 16ème édition, le thème est manifesto of fragility. Le rôle de commissaires et curateurs a été confié au Libanais Sam Bardaouil et à l’Allemand Till Fellrath. Ils ont convié plus de 200 artistes provenant de 39 pays, qui se sont prêtés au jeu en créant de nouvelles œuvres pour l’occasion, le plus souvent in situ.
La fragilité est vue ici non pas comme une faiblesse, mais comme une forme de résistance, de résilience pourrait-on dire, surtout après la période trouble de la pandémie que nous avons traversée. Bien que le thème ait été choisi avant le Covid, une partie des œuvres ont été imaginées ou conçues pendant les confinements.
Ce manifesto of fragility est abordé en 3 exposition principales, par le prisme de 3 entités : d’abord une personne dans l’exposition Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet au macLYON, puis une ville dans l’exposition Beyrouth et les Golden Sixties toujours au macLYON, puis, enfin, le monde dans l’exposition Un monde de promesse infinie qui se déploie sur tous les autres sites.
Le macLYON en entrée
Je ne suis pas certain qu’il y ait véritablement d’ordre de visite, mais de par la construction de la narration de ce manifesto of fragility, il est peut-être judicieux de commencer cette Biennale par le Musée d’Art Contemporain. Vous débuterez votre visite par le 3ème étage, où vous attendent Les nombreuses vies et morts de Louise Brunet. L’exposition est construite autour de plusieurs récits plus ou moins fictifs de la vie, ou plutôt les vies, de Louise Brunet. Si cette jeune femme a réellement existé –elle aurait même participé à la Révolte des Canuts avant de finir sa vie dans une manufacture de soie au Mont Liban, elle est ici un prétexte à la représentation de plusieurs autres personnes, qui ont toutes en point commun cette fragilité qui leur a ouvert les portes de la résistance et de la révolte. La scénographie fait se répondre des œuvres spécialement créées pour l’occasion et des œuvres anciennes, parfois millénaires, prêtées par d’autres musées, comme le Musée des Beaux-Arts de Lyon, Lugdunum – Musée et Théâtres romains, mais aussi le Metropolitan Museum de New York, le Louvre Abu Dhabi ou le Staatlichen Kunstsammlungen Dresden.
Aux 2ème et 1er étage, l’exposition Beyrouth et les Golden Sixties élargit le centre d’attention de cette fragilité. Elle se présente sous la forme d’une grande rétrospective de la scène artistique de la capitale libanaise depuis la crise de 1958 jusqu’au déclenchement de la guerre civile en 1975. Plus de 230 œuvres sont ainsi exposées, représentant le bouillonnement culturel de cette époque qui attirait tout le milieu artistique par sa créativité et sa liberté.
Les usines Fagor et le Musée Guimet en plat de résistance
La troisième exposition de cette biennale, Un monde d’une promesse infinie, se déploie ensuite sur les autres sites pour étendre encore le scope de cette fragilité, explorant tout à la fois le passé, le présent et le futur. Comme pour la précédente édition en 2019, les anciennes usines Fagor-Brandt à Gerland sont mises à contribution. C’est là qu’on trouve la plus grande surface (près de 30 000m² !), et donc le plus grand nombre d’œuvres, et surtout les plus grandes installations.
Un autre lieu très attendu des lyonnais et l’ancien Musée Guimet. Après sa fermeture il y a 15 ans, le musée du 6ème arrondissement cher aux lyonnais –dont les collections ont été transférées au Musée des Confluences en 2007, va rouvrir ses portes pour quelques mois (en attendant de savoir quel sort va lui être réservé ultérieurement).
Les autres lieux en dessert
Le Musée d’Histoire de Lyon – Gadagne, le Musée de Fourvière et Lugdunum – Musée & Théâtres Romains accueillent également une partie de la biennale (inclus dans le billet d’entrée).
Comme tous les ans, l’Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne accueille la Jeune Création Internationale qui se veut un focus sur des artistes émergeants de la scène européenne. L’occasion pour les jeunes artistes d’obtenir une visibilité inédite qui leur permettra peut-être de se faire découvrir par des galeristes ou des curateurs. Retenez bien leurs noms.
Enfin, à tout cela s’ajoutent également des œuvres dans 6 lieux en accès libre : le jardin du Musée des Beaux-Arts de Lyon, le parc LPA – République, la Place des Pavillons, la gare de Lyon Part-Dieu et l’URDLA à Villeurbanne.
Et c’est sans parler des nombreux événements en Résonance dans les galeries et institutions culturelles, notamment à travers le dispositif Veduta qui permet aux habitants de la Métropole de créer des œuvres avec les artistes.
Pour bien profitez de la biennale
Avant tour, je voudrai préciser que je ne suis pas un spécialiste de l’art contemporain, et encore moins journaliste ou critique d’art. Je suis un simple curieux et amateur d’art, comme beaucoup de monde ici j’imagine. J’ai eu la chance de voir cette biennale en avant-première, et je vous livre ici quelques remarques qui n’engagent que moi.
Comme dit plus haut, cette biennale est un évènement majeur dans le monde de l’art contemporain, et notamment par son ampleur. Vous ne pourrez donc pas tout voir en une (ni même deux) journée. Ça tombe bien, elle est ouverte pendant plus de 3 mois.
Que vous soyez familier avec l’art contemporain ou non, je vous invite grandement à participer à une visite commentée. Tout comme pour une exposition d’art « classique », cela vous permettra d’avoir des clés de lecture, des informations sur les œuvres ou les artistes qui vous aideront à mieux appréhender des œuvres. Il y en a de toutes sortes (pour les adultes, les familles, avec brunch ou apéro, etc…), surtout le week-end.
Ne cherchez pas non plus à trouver un sens à toutes les œuvres à tout prix. Profitez du moment, commencez par décrire ce que vous voyez, ce que vous ressentez, écoutez vos émotions. Certains artistes disent clairement que leurs œuvres n’ont pas de sens « caché ».
Enfin, ne vous attardez pas trop sur les œuvres qui ne vous parlent pas, il y en a tellement d’autres ! Mention particulière au Hall 7 des Usines Fagor (à la fin de la visite) qui est immense, ne vous faites pas avoir ;-).
De mon côté, j’ai beaucoup aimé l’installation monumentale de Ugo Schiavi au Musée Guimet, les photos de Adji Dieye à l’Institur d’Art Contemporain de Villeurbanne, ou encore l’installation Virgo de Pedro Gomez-Egana aux Usines Fagor.
La Biennale de Lyon en pratique
manifesto of fragility, 16ème Biennale de Lyon
Du 14 septembre au 31 décembre 2022
Usines Fagor-Brandt, macLYON et Musée Guimet
Du mardi au vendredi de 11h à 18h
Samedi et dimanche de 11h à 19h
Nocturnes aux usines Fagor jusqu’à 22h les vendredi 30 sept, 14 oct, 18 nov et 2 déc
Plein tarif : 20€ au guichet, 18€ en ligne
Tarif réduit (mois de 26 ans, carte culture, etc…) : 12€ au guichet, 10€ en ligne
Tarif mobilité durable (cycliste, abonné TCL ou Vélo’v, etc…) : 15€
Nombreuses visites commentées (adultes, familles, brunch, apéro, etc…) et ateliers aux usines Fagor, au Musée Guimet et au macLYON.
Plus d’infos et programme complet sur le site internet de la biennale.