Les chatouilles

Cette semaine, j’ai prévu de vous présenter plein de musique. Mais si avant ça on parlait un peu cinéma ? Il y a quelques semaines, j’ai été invité à l’avant-première du film Les Chatouilles, d’Andréa Bescond et Eric Métayer, qui sort en salle le 14 novembre.

Comme son nom ne l’indique pas, le sujet du film est plutôt grave, puisqu’il parle d’abus sexuels sur une mineure. Attendez, ne partez pas…

Odette a 8 ans quand elle commence à être abusée par Gilbert, le meilleur ami de ses parents. Elle se réfugie alors dans la danse et dans les excès, avant de finalement, à l’âge adulte, entamer un travail sur elle pour essayer de se reconstruire, d’abord seule avant d’avouer ce douloureux passé à ses parents.

Un film vivant pour un sujet grave

Dit comme ça, bien sûr, ce n’est pas très engageant, mais la force du film est justement la façon dont la psychothérapie (au sens large) d’Odette est filmée, à base de flash back et de coupures dansées qui nous immergent totalement dans l’histoire, un véritable élan de vie. Et, chose encore plus notable, avec beaucoup d’humour, qui est pour Andrea Bescond, une façon de se lâcher, au même titre que la danse.

C’est un véritable hymne à la résilience, un film hyper positif malgré le sujet, et ça en grande partie grâce à Andréa Bescond. Le film est une adaptation du livre et du seule-en-scène qu’elle a présenté au festival d’Avignon en 2014 et pour lequel elle a obtenu un Molière en 2016. A l’époque, elle jouait tous les rôles, celui d’Odette, de Gilbert, de la psychologue ou de la mère d’Odette, etc… et n’avait qu’une chaise comme décor.

Les Chatouilles au théâtre – crédit photo Stéphane Audran

Pour le film, l’histoire prend naturellement de l’ampleur, avec un comédien par rôle. Andréa Bescond interprète à nouveau le rôle d’Odette avec une passion incroyable, tandis que Clovis Cornillac incarne magnifiquement le père d’Odette, Karine Viard tient le mauvais rôle de la mère et Pierre Deladonchamps celui de Gilbert. Je ne sais pas quelle place la danse tenait dans la pièce, mais ici, elle est quasiment traitée comme un acteur à part entière, qui transcende la mise en scène. Pas étonnant que le film ait été selectionné à Cannes dans la catégorie Un certain Regard.

Un film de résilience nécessaire

Lors de l’avant-première, les deux réalisateurs Andréa Bescond et Eric Métayer étaient présents et ont expliqué leur travail, qu’ils voient comme un chemin de réparation tel que l’ont ressenti beaucoup de victimes de violence. Andréa a insisté sur le terme réparation et non pas guérison, puisque, rappelons-le, les victimes de pédophilie ne sont pas malades, ce sont les pédophiles qui sont malades.

L’avant-première étant très en avance du film, la plupart des spectateurs étaient venus en connaissance de cause, nombreux avaient vu le spectacle, et, quand on leur a donné la parole, nombreux ont osé dire qu’ils avaient été victimes eux-mêmes. Cela a évidemment plombé un peu l’ambiance, mais d’un autre côté, cela montre à quel point les violences sexuelles sur mineurs sont malheureusement une réalité. Le film prend alors encore plus de raison d’être.

 

Les Chatouilles

D’Andréa Bescond et Eric Métayer
Sortie en salles le 14 novembre

Une avant-première est organisée demain mardi 6 novembre à l’Institut Lumière en présence des réalisateurs, foncez !

Andréa Bescond et Eric Métayer présenteront en outre leur spectacle La leçon de danse, vendredi 9 novembre à Pôle en Scènes – Albert Camus à Bron.

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