Le Musée d’Art Contemporain de Lyon est en plein effervescence en ce moment pour préparer sa prochaine grande exposition qui débute ce mercredi pour 4 mois, Yoko Ono, Lumière de l’aube.
En France, Yoko Ono est surtout célèbre pour être la femme de John Lennon, briseuse de rêve pour des millions de jeunes adolescentes à la fin des années 60, mais en réalité c’est une véritable artiste complète elle-même, heureusement maintenant reconnue dans de nombreux pays. John Lennon la qualifiait d’ailleurs d’ « artiste inconnue la plus célèbre au monde ».
Née à Tokyo en 1933, Yoko Ono s’intéresse à l’art dès son plus jeune âge. En 1952, elle suit son père muté à New York et devient rapidement une membre éminente de la scène artistique new-yorkaise, côtoyant des gens comme La Monte Young ou John Cage. C’est à cette époque qu’elle invente véritablement l’art conceptuel, par exemple en donnant des instructions qui seront ensuite interprétées par d’autres artistes. Elle est également une pionnière des performances dans les années 60. Une de ses œuvres les plus célèbres est d’ailleurs Cut Piece, une performance où l’artiste est agenouillée et les spectateurs invités à découper des vêtements à l’aide d’une paire de ciseaux.
Elle aura également un rôle très important au sein du mouvement Fluxus.
Elle rencontre John Lennon en 1966 à la veille du vernissage d’une de ses expositions où elle devait présenter une œuvre où les visiteurs étaient amenés à planter des clous dans un tableau. Comme Yoko Ono refusait à John Lennon de planter un clou avant l’ouverture de l’exposition, il lui a proposé 5 shillings imaginaires pour planter un clou imaginaire. Cette œuvre sera reproduite à Lyon, à voir si un notable aura le droit de tenter l’expérience en avance, même de manière imaginaire…
Bref, Yoko Ono est une artiste contemporaine en permanence dans l’avant-garde, à l’origine de nombreux courants artistiques.
L’exposition que lui consacre le MAC est unique à plusieurs titres. D’abord parce qu’il s’agit de la première exposition de l’artiste en France et ensuite parce que toute la superficie du musées (3 000 m²) lui seront dédiés. Sans parler d’une œuvre colossale installée à l’extérieur (cf. plus bas).
Difficile de dire exactement combien d’œuvres seront présentés du fait du caractères protéiforme de certaines œuvres, mais il devrait y en avoir plus d’une centaine, allant de dessins datant de 1952 retrouvé récemment (à vérifier) à des œuvres de 2016, comme Lumière, crées spécialement pour cette exposition.
Zoom sur deux œuvres protéiformes
La première s’appelle Water Event, du nom d’une œuvre créée en 1971 avec John Lennon. Les 2 artistes invitaient des personnalités à produire avec eux une « sculpture » (au sens large) formée d’un récipient (existant, trouvé ou inventé) que Yoko Ono remplissait d’eau. Pour cette nouvelle version de l’œuvre, c’est tous les artistes de la dernière biennale d’art contemporain (plus de 110) qui ont été invités à participer. Inutile de vous dire que l’œuvre finale pourrait être très surprenante…
La deuxième s’appelle Freight Train. Créée initialement en 1999, l’œuvre s’inspire d’un fait divers datant de 1987 où des mexicains tentant d’entrer illégalement aux Etats-Unis sont morts dans un camion abandonné dans le désert. L’œuvre se compose d’un wagon de train de fret allemand criblé de balles. Elle traite évidemment de la question de l’immigration et de la liberté, mais elle revêt un caractère complètement différent quand elle est par exemple montrée à Berlin. Pour cette exposition, il s’agit d’un nouveau wagon, venu d’Angleterre et « customisé » par des tireurs d’élite dans une carrière de pierres dans l’Ain, avant d’être installé à la Cité Internationale. Lyon n’est pas la plus impliquée, mais j’imagine qu’en 2016, difficile de ne pas pensé aux migrants qui fuient la guerre en Syrie.
Pratique
L’exposition de déroule du 9 mars au 10 juillet. L’inauguration aura lieu le 8 mars, malheureusement sans l’artiste de 83 ans. Elle a été hospitalisée la semaine dernière pour une grippe, avait prévu de venir quand même, mais a finalement annoncé que soir que son médecin lui déconseillait de se déplacer. Comme elle tient beaucoup à être présente pour cette rétrospective qui lui est consacrée, elle devrait venir en mai.
Elle devait donner une conférence le mercredi 9 mars, j’espère qu’elle sera reportée et que je pourrais y assister.
Retrouvez toutes les infos sur le site internet du Musée d’Art Contemporain.
Musée d’Art Contemporain de Lyon
80 Quai Charles de Gaulle
69006 Lyon
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