Saint Amour

Il y a quelques semaines j’ai été invité par le cinéma Comœdia à la projection en avant-première du dernier film de Benoit Delépine et Gustave Kervern qui sort cette semaine: Saint Amour.

 

Saint-Amour-affiche

Pour ceux qui ne voient pas de qui on parle, les deux réalisateurs font partie de l’équipe de Groland, Benoit Delépine y interprète notamment Michael Kael. Ca y est, vous les remettez ? Mais les 2 copains n’en sont pas à leur coup d’essai, puisque Saint Amour est leur 7ème long métrage. Et ils ont fait du chemin depuis Aaltra en 2004, chaque film proposant un univers complètement différent, avec des acteurs de plus en plus connus et reconnus : Yolande Moreau, Bouli Lanners, Benoit Poelvoorde, Albert Dupontel, Gérard Depardieu, Michel Houellebecq, etc… On en retrouve d’ailleurs certains dans leur dernier film.

Benoit-Delepine-Gustave-Kervern

Photo Joubert Renaud pour La Charente Libre

Le pitch

Saint Amour, c’est l’histoire de Bruno (Benoit Poelvoorde) et de son père Jean (Gérard Depardieu), tous les 2 agriculteurs. Bruno en a marre de sa vie d’agriculteur célibataire, et surtout que sa seule semaine de vacances de l’année se passe au salon de l’agriculture à faire la route des vins, de stand en stand. Jean décide alors, pour se rapprocher de lui et l’inciter à reprendre la ferme familiale, de l’emmener faire la route des vins pour de vrai, à bord d’un taxi conduit par le jeune Mike (Vincent Lacoste, vu par exemple dans Les beaux Gosses). Le périple se transforme alors en tour de France de l’amour, beaucoup plus au gré des femmes qu’ils rencontrent que du vin.

Mon avis

J’aime beaucoup les films de Benoit Delépine et Gustave Kervern, en premier lieu pour leur univers un peu décalé, avec des personnages essayant presque tout le temps de trouver leur place au milieu des gens « normaux ». Saint Amour ne déroge pas à la règle, et même si le film est principalement une comédie, je trouve qu’il est en réalité beaucoup plus profond qu’il n’en a l’air, abordant des sujets forts comme la solitude des agriculteurs (sujet à peine abordé, car les réalisateurs ne voulaient pas que cela soit le sujet principal, alors qu’il y a tant à dire…), ou finalement la solitude tout court. Malgré leurs liens de parenté, Bruno et Jean sont seuls chacun de leur côté, en particulier Bruno le célibataire endurci qui galère avec les femmes et se réfugie dans l’alcool. Et c’est pareil pour Mike, dont on comprend vite qu’il n’est pas le père de famille qu’il prétend être, lui aussi rongé par la solitude.

C’est donc l’histoire de 3 personnalités fortes, jouées par 3 acteurs de talent, pour 3 générations qui finissent par être se rapprocher. Depardieu et Poelvoorde sont magistraux (le vin aidant peut-être …), mais Vincent Lacoste n’est pas en reste et prend de plus en plus d’aisance.

Les seconds sont rôles sont une fois de plus truculents (Houellebecq en pyjama…) et le film est également une formidable déclaration d’amour aux femmes, avec un casting improbable qui va de Izia Higelin à Andréa Ferréol (très grande actrice qui a joué dans pas loin de 100 films avec les plus grands réalisateurs), en passant par Chiara Mastroianni, l’ex actrice de films porno Ovidie ou encore la formidable Céline Salette.

Saint-Amour-Poelvoorde-Depardieu-Lacoste

Saint-Amour-Céline-Salette

L’envers du décor

Lors de la projection au Comœdia, j’ai eu la chance de rencontrer les deux réalisateurs autour d’un petit verre (de Saint Amour, bien sûr) et ils nous ont livré quelques anecdotes sur le tournage.

On a ainsi appris qu’à la base, ils avaient prévu un film beaucoup plus social et dramatique entièrement tourné au Salon de l’Agriculture. Mais comme le film se terminait sur le suicide d’un agriculteur, étrangement les organisateurs du salon n’ont pas donné leur accord.

Pour cette histoire différente, seulement 2 jours de tournage ont été autorisés au Salon (qui se transforment en 15-20 minutes à l’écran), et Benoit Poelvoorde et Gérard Depardieu attirant bien évidemment tous les regards (et les flashs d’appareils photo) sur eux, les réalisateurs ont du ruser pour ne pas que cela se voit à l’écran.

Les 2 compères nous ont également raconté comment ils ont failli se faire virer par le propriétaire de la villa où la scène avec Houellebecq était tournée quand Benoit Poelvoorde a bu une fiole d’alcool qu’il pensait faire partie du décor alors qu’il s’agissait d’un cadeau offert pour les 30 ans de mariage du propriétaire. Oups…

Benoit Delépine et Gustave Kervern sont adeptes du naturel pour leur film, et certaines scènes terriblement drôles sont réalisées « sans trucage » (mais avec breuvage…). Souvenez-vous de ça lorsque vous les verrez courir après un cochon ou déclamer les 10 étapes par lesquelles on passe lorsque l’on boit un peu trop (mythique et terriblement vrai).

Bref, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce film et je vous le recommande. Contrairement à son homonyme liquide, vous pouvez y aller sans modération.

Le film est notamment visible au cinéma Le Comœdia à partir du 2 mars.

.

 

 

Tags:
, 

Pour ne pas rater les prochains articles ou concours, n'hésitez pas à souscrire à la newsletter.

(pas de spam, promis)