Dismaland

Parmi les nombreux acteurs culturels, j’ai toujours tendance à privilégier les « petits » indépendants plutôt que les gros mastodontes. Et s’il y a bien un acteur important de l’industrie culturelle qui me donne des boutons, c’est bien Disney. Je suis un fervent opposant à cette multinationale américaine dont l’activité principale est de faire de l’argent en lavant le cerveau de nos chères têtes blondes (et même les adultes) en oubliant le but premier de la culture, l’ouverture d’esprit.

Mais visiblement je ne suis pas le seul que cette « société du spectacle » (d’après l’expression de l’essayiste Guy Debord), puisque l’artiste Banksy, connu habituellement pour ses œuvres de streetart, vient d’ouvrir un parc d’attraction très particulier, Dismaland.

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Situé dans la ville de Weston-super-mare, une paisible et un peu lugubre (dismal en anglais) station balnéaire aux environs de Bristol, le parc d’attraction a ouvert cette semaine à la grande surprise générale. En effet, Dismaland a été préparé dans le plus grand secret par Banksy et une cinquantaine d’artistes invités, dont Damien Hirst (un des artistes contemporain les plus chers au monde).

Mais dans ce parc d’attraction, tout est triste, glauque, cassé, morbide et dénonce, à grand coup d’humour noir, de cynisme et de provoc, les dérives du capitalisme et de la vie moderne. Le sourire est prohibé et les employés tirent la tronche. Une fourgonnette de police anti-émeute trône au milieu d’un bassin, tandis que les bateaux télécommandés contiennent des migrants. Les chevaux de bois sont écorchés vifs par un serial killer pour en faire des lasagnes, les canards que l’on doit pécher sont mazoutés, la mort squatte les auto-tamponneuses, une grande maquette dépeint une ville moderne après une émeute mais seuls restent des policiers et des journalistes, etc… Certaines installations sont payantes (1 ou 2£), mais on peut faire un emprunt (à 5000%) pour avoir de l’argent de poche.

Dans le château de la princesse, réplique morbide de celui de son rival américain, Banksy a reproduit un accident de calèche mortel (probablement en référence à Lady Di) où la princesse gisante est mitraillée par les flashs des paparazzis.

Banksy-Dismaland-01- photo swns

Banksy-Dismaland-03-crédit photo Olivier Granoux

Banksy-Dismaland-04- Photo Reuters

Banksy-Dismaland-05- Crédit photo Marc Giddings The Sunsipa

Banksy-Dismaland-06-Yui Mok-PA Wire-Associated Press

Bref, vous l’aurez compris, on est très loin de Disney. Mais sous couvert d’humour (noir), Banksy réalise là une véritable exposition d’art contemporain de haut niveau. Encore un coup de maitre de la part d’un artiste aussi génie que secret.

Vous noterez que la sortie se fait, comme dans tous les musées, par la boutique, clin d’œil à son génial film « Exit throught the giftshop » (« Faites le mur » en français) que je vous recommande vraiment.

Baptisé (par son créateur, mais pas par le public) « le parc d’attraction le plus décevant d’Angleterre », Dismaland sera ouvert pendant seulement 5 semaines. Autant vous dire que les billets d’entrée, normalement prévus à 3£, s’arrachent comme des petits pains et se revendent même au marché noir (jusqu’à 1000£). Probablement pas ce que souhaite Banksy…

Plus d’information sur le site internet dédié.

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