Erró

Vous n’avez pas pu le rater tant les affiches sont partout, le Musée d’Art Contemporain de Lyon (aka le MAC) organise depuis quelques semaines une grande rétrospective de l’article islandais Erró.

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Erró, Guðmundur Guðmundsson de son vrai nom, est né en 1932 en Islande. Après des études d’art à Reykjavik, à Oslo, puis à Florence et Ravenne en Italie, il s’installe à Paris en 1958 où il côtoie de nombreux surréalistes comme André Breton, Max Ernst, Man Ray, Miro et Duchamp. Il s’essaie d’abord au collage, puis décide de reproduire ces collages en peintures, toujours dans une profusion d’images, anticipant notre époque saturée d’iconographie en tout genre.

L’exposition du MAC est très dense et s’attache à représenter toutes les facettes de l’artiste, et notamment l’évolution chronologique de son œuvre, tout en essayant de respecter les différentes séries crées par l’artiste.

L’expo commence au premier étage par des dessins marqués par le nucléaire qu’Erró a réalisés lorsqu’il était en Israël dans les années 50. Puis rapidement, on sent que des références au monde moderne de plus en plus pressantes, avec l’introduction de robots et de la mécanique qui fascine l’artiste.

Bureau de propagande Fucky-Strike, Erró, 1959

Bureau de propagande Fucky-Strike, Erro, 1959

Côté technique, il s’essaie alors au collage, à la fois d’images, mais aussi en 3D. Il s’inspire en quelque sorte des surréalistes, mais en décalage avec ces derniers qu’il côtoie néanmoins à Paris. Plus tard, il décide de peindre ses collages, leur donnant une esthétique de plus en plus pop. C’est d’ailleurs très intéressant de voir dans l’expo à la fois le collage original et le tableau peint fini.

Mais ce qui passionne Erró, c’est l’actualité, qu’il introduit rapidement dans ses images. Puis dans les années 60s, c’est le modèle de la consommation qui le hante, et se rajoute à la thématique de l’industrie toujours plus ou moins présente.

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L'appétit est un crime, Erró

L’appétit est un crime, Erró

En 1963, son départ aux Etats-Unis sera un véritable déclencheur chez Erró, et son vocabulaire et ses thématiques seront légèrement modifiés, se concentrant véritablement sur la consommation de plus en plus obscène aux Etats-Unis. L’abondance de produits ou sujets sera plus tard dénoncée dans sa séries de Scapes, des tableaux de très grand format reproduisant des centaines d’objets d’une même famille.

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Les portraits sont de plus en plus présents dans ses tableaux, mais Erró s’évertue tout le temps à ce que ses derniers racontent une histoire. Ce n’est pas pour rien si plusieurs de ses œuvres étaient présentes à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon sur la narration. Parmi ses portraits, on retrouve par exemple une série sur les hommes politiques, une autre sur les intérieurs américains, ou encore une représentant des chinois (et en particulier Mao).

Chinese paintings, Erró, 1974-79

Chinese paintings, Erró, 1974-79

Enfin, le denier étage est consacré à des créations plus récentes qui fleurent avec le manga et l’esthétique BD ou comics.

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Pour la petite histoire, sachez que l’artiste a fait une grosse surprise aux responsables du musée de la ville de Lyon en annonçant en pleine conférence de presse de présentation de l’exposition qu’il offrait purement et simplement le tableau « Silver Surfer Saga » (3 m sur 5, quand même) à la Ville de Lyon (en plus de la donation déjà réalisée il y a quelques mois). A la question pourquoi ce tableau ? , il a répondu « parce que c’est mon préféré ». Plutôt sympa, non ?

Détails de Silver Surfer Saga, Erró, 1999

Détails de Silver Surfer Saga, Erró, 1999

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Sachez également qu’un site web mobile a été développé autour de l’exposition. Vous pourrez le consulter simplement en activant le wifi. D’autre part, une table tactile est à disposition dans le hall du musée pour vous permettre de réaliser vos propres collages que vous pourrez ensuite partager sur les réseaux sociaux.

Au final, on a ici affaire à une rétrospective très complète d’un artiste réellement contemporain, dans le sens où il s’est toujours situé dans l’époque actuelle, avançant et évoluant en même temps que celle-ci. C’est une superbe exposition que je vous recommande vraiment. Mais un conseil, prenez votre temps pour apprécier les nombreuses ouvres, et comptez au moins 1h et demi à 2h.

La rétrospective Erró est présentée au Musée d’Art Contemporain de Lyon jusqu’au 22 février 2015. Retrouvez toutes les informations sur le site du musée.

Merci au service communication du MAC pour la visite guidée.

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