Les 350 ans du peuplement de la Réunion

Continuons la découverte de la Réunion avec un peu d’Histoire.

Dimanche, je n’ai pas pu y assister, mais la ville de Saint Paul organisait une grande fête pour fêter les 350 ans du peuplement de la Réunion.

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C’est l’occasion de revenir sur cette histoire, qui nous a en plus été raconté il y a deux semaines pas un super guide du musée Stella Matutina dans les hauts de Saint Leu. En réalité, le musée est en travaux depuis plus d’un an et pour encore au moins un an, mais il y a une partie de l’expo dans un lieu temporaire. Le musée est installé dans une ancienne usine sucrière qui a fermé en 1978. Il faut savoir qu’à la fin du 19ème siècle, on comptait 189 usines sucrières à la Réunion. Il n’y en au aujourd’hui plus que deux : Bois Rouge au nord et Le Gol au sud.

Mais revenons au peuplement de la Réunion. On parle de peuplement, car à la Réunion il n’y a pas de population indigène. Il semblerait que les arabes avaient déjà repéré l’ile dès le 15ème siècle (certains disent même avant), mais ne s’y sont guère attardés. Idem pour les navigateurs portugais en route vers les Indes, dont Pedro de Mascarenhas qui donna son nom à l’archipel des Mascareignes (qui regroupe la Réunion, l’Ile Maurice et Rodrigues, une petite ile au nord de Maurice), ou encore les anglais et les hollandais qui ne s’en servent que d’escale.

Les français décident d’en prendre possession en 1642 et la baptise l’ile Bourbon, en hommage à la famille royale. Mais c’est la date du 10 novembre 1663, lorsque le navire le Saint Charles accoste dans la baie de Saint Paul, que l’histoire retiendra. Pendant une cinquantaine d’année, seuls quelques colons peuplent cette ile.

Les côtes étant assez inhospitalières, l’ile ne peut pas servir de base militaire, contrairement à sa voisine l’Ile de France (l’Ile Maurice). Elle servira donc à produire des denrées pour les navires de passage, ainsi que du café dont la cour étant friande (le fameux café Bourbon Pointu). C’est ainsi que nombre d’esclaves sont amenés de la côte est de l’Afrique, notamment le Mozambique. On les appelle les Cafres (et encore aujourd’hui les gens de type africain). Entre 1680 et 1780, le nombre d’habitants de l’ile est passé de 270 à 35 000.

En 1793, à la révolution, l’ile est débaptisée pour effacer le nom de la dynastie Bourbon et devient l’Ile de la Réunion, en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens. Mais l’esclavage persiste malgré tout. Puis en 1806, elle devient même l’Ile Bonaparte avant de passer sous domination britannique de 1810 à 1814.

A cette époque, la culture du café décline (cyclones, maladies, guerres franco-anglaises, etc…), et il n’y a plus besoin de ravitailler Maurice restée sous domination anglaise. Parallèlement, la France vient de perdre son réservoir à sucre qu’était Saint Domingue. Il est donc décidé de cultiver massivement de la canne à sucre dans l’ile redevenue la Réunion (jusqu’à 50% des terres fertiles au plus fort), toujours avec l’aide des esclaves noirs venus d’Afrique, mais aussi de Madagascar.

Mais en 1848, un événement va bouleverser cette industrie : l’abolition de l’esclavage. Les propriétaires blancs sont alors ruinés en un clin d’œil (puisqu’ils n’ont plus de main d’œuvre gratuite). Ils se réfugient alors dans les Hauts ou dans les Cirques. On les appelles donc les P’tis blanc d’en haut.

Certains cafres affranchis seront embauchés pour continuer de travailler dans les usines sucrières, mais il faudra faire appel massivement à de la main d’œuvre, les engagés, qu’on ira chercher un peu plus loin, en Inde, et notamment sur la côte de Malabar. On les appelle donc les Malbars (et encore aujourd’hui les gens de type indien). Leur liberté de culte étant (plus ou moins) garantie, ils construisent des temples tamouls aux alentours des usines et conserveront leur culture intact jusqu’à aujourd’hui (cf un prochain article sur la fête de Dipavali).

Au début du 20ème siècle, ce sont des chinois (en réalité originaires principalement de Malaisie ; puis du sud est de la Chine) et des musulmans d’Inde (qu’on a appelés z’arabes par méconnaissance) qui viendront compléter le tableau.

Toutes ces ethnies cohabitent (relativement) tranquillement à la Réunion depuis ce temps-là, chacun respectant les mœurs et les coutumes des autres. Et bien sûr, depuis quelques générations, le métissage se fait de plus en plus présent.

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On peut également citer les Métros (blancs de la métropole) qu’on appelle parfois les Zoreils, car ils devaient tendre l’oreille pour comprendre le créole.

Plus récemment, d’autres ethnies sont venus grossir les rangs des réunionnais, comme les Mahorais (habitants de Mayotte, autre département français encore plus pauvre) et les Comoriens (encore plus pauvres). Mais ces derniers semblent avoir plus de mal à s’intégrer, en partie du fait de la crise qui touche un peu tout le monde. L’herbe n’est pas forcément beaucoup plus verte pour eux ici qu’elle ne l’était chez eux…

Bon, j’imagine que vous n’êtes plus très nombreux à lire encore, pourtant cette histoire est passionnante et explique bien la diversité de la population locale, comme en témoigne cette fresque exposée à Saint Paule et constituée de 350 photos de réunionnais.

Saint Paul

La prochaine fois j’essaierais de faire plus joyeux, promis…

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