Hier soir, j’ai eu le plaisir d’assister à une représentation de La Flute Enchantée (Die Zauberflöte) dans le magnifique cadre de l’Opéra de Lyon.
Je dois vous avouer que je n’y connais pas grand-chose en musique classique. Mais j’essaie de me rattraper : après Carmen puis le Requiem de Mozart aux Nuits de Fourvière (mon petit compte-rendu est à lire ici, d’ailleurs), j’ai décidé d’aller voir un opéra. Encore une fois j’ai choisi un classique pour ne pas être trop perturbé. Et encore une fois je n’avais pas vraiment lu le programme avant de prendre ma place…
Pour cette Flute Enchantée, pas d’interprétation musicale surprenante comme pour Carmen, ni de transcription de la partition du génie autrichien comme pour le Requiem, la (bonne) surprise se trouvait plutôt dans la mise en scène, très 2.0.
La Flute enchantée est un opéra créé en 1791 dont la musique a été écrite par Mozart, sur un livret d’Emanuel Schikaneder. C’est un des opéras les plus joués. En voici le pitch :
Le prince Tamino est missionné par les 3 dames d’honneur de la Reine de la Nuit pour aller libérer sa fille Pamina, prisonnière de Sarastro. Pour cela, il sera assisté de Papageno, oiseleur bavard et un peu lâche et pour les aider dans leur quête, ils reçoivent une flute enchantée et un carillon magique. Arrivé au palais de Sarastro, Tamino apprend que la Reine de la Nuit lui a menti : Sarastro n’est en fait pas un monstre, mais au contraire un sage, à qui le père de Tamino a confié le disque du Soleil à sa mort.
Sarastro apprend que les Dieux ont décidé de marier Tamino et Pamina, mais Tamino et Papageno devront d’abord braver une série d’épreuves, principalement à base de silence. Tamino y arrive, mais pas Papageno, plus attiré par les plaisirs de la vie et à la recherche d’une femme. Pamina ne comprend pas le silence de son amoureux et projette de se suicider, mais sa mère lui suggère plutôt de tuer Tamino, ce à quoi elle se refuse. Pendant ce temps, l’initiation de Tamino s’achève et il peut enfin retrouver sa chère Pamina. De son côté Papageno réussit, malgré ses piètres performances, à trouver sa Papagena qu’il cherchait tant. La Reine tente une dernière fois de tuer Sarastro, aidée de Monostatos, un esclave amoureux de Pamina, mais ils échouent et meurent dans les ténèbres.
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En réalité, cet opéra était avant tout un éloge de la franc-maçonnerie dont Mozart et Schiknader faisaient partie. On y trouve donc tout un tas de référence :
– le chiffre 3, très symbolique en franc-maçonnerie, se retrouve un peu partout
– les 3 accords répétés 3 fois au début de l’opéra symbolisent les coups frappés à l’entrée de la loge
– le parcours initiatique, les frères / les prêtres
– Les dieux égyptiens Isis et Osiris
– La Reine de la Nuit représente la nuit (merci Captain Obvious), Sarastro la lumière, Tamino le feu, Pamina l’eau, Papageno l’air et Monostatos la terre
– Le serpent représente les peurs cachées
– La flute d’or et son son cristallin représente le Spirituel alors que la flute de pan, avec sa gamme limitée, représente le Matériel
– Le nombre d’or très présent dans les accords (il faut étudier la partition pour s’en rentre compte, je suppose)
– etc..
D’autres éléments se trouvent également dans le décor, mais je ne sais pas s’ils sont dans le texte :
– Le compas et l’équerre
– les pyramides égyptiennes (les bâtisseurs, symbole de l’élévation spirituelle)
– L’œil incrusté dans celles-ci qui représente le Grand Architecte
– etc..
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Parlons maintenant de la mise en scène. Elle est signée Pierrick Sorin, artiste plasticien et vidéaste nantais, et Luc de Wit, metteur en scène belge. Le parti pris est de réaliser en direct des vidéos projetées sur un écran de mousseline installé au premier plan de la scène, c’est-à-dire entre les artistes et les spectateurs. Ainsi des webcams, des fonds bleus et des manipulateurs (enfin manipulatrices si j’ai bien vu) en combinaisons bleues également, permettent de fabriquer en direct des images que ne renierait pas Michel Gondry. C’est très moderne, et ça permet de mettre un peu d’humour dans cette œuvre qui reste néanmoins classique. J’ai trouvé ça super innovant et j’ai beaucoup aimé le résultat.
Côté musique, l’orchestre est dirigé par Stefano Mantanari, un sosie de Pascal Obispo version début des années 2000 (je vous ai déjà dit que je n’étais pas physionomiste ?) et les chanteurs sont géniaux. Et je ne vous parle même pas de l’Air de la Reine de la Nuit.
Voici une version interprétée par Nathalise Dessay
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Retrouvez quelques infos supplémentaires sur le site de l’Opéra de Lyon. J’ai vu sur facebook qu’il restait quelques places pour les dernières représentations, jusqu’au mardi 9 juillet. Ca commence à 10€ (bon, j’imagine que ce ne sont pas les meilleures places, certes)
L’autre solution, c’est de vous rendre samedi soir dans l’un des 14 lieux de la Région Rhône- Alpes (+ les berges de la Seine à Paris) où la Flute Enchantée sera retransmise en direct et gratuitement. Vous pourrez également voir la retransmission sur la page facebook de l’Opéra. Plus d’infos sur le site de l’Opéra de Lyon.
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C’était très beau et surprenant. La mise en scène hyper débrouillarde (oui, à la Gondry) était autant drôle que bien trouvée et légère.
Une très belle expérience pour ma part (mon premier opéra et à Lyon de surcroît).
C’est vrai que ça m’a aussi fait penser à Michel Gondry, mais en plus moderne. D’ailleurs, j’ai lu un article qui expliquait que Pierrick Sorin et Michel Gondry s’appréciait énormément l’un l’autre.
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